special dark glass somewhere

Charlotte Clermont

PI
Pays
Canada
Année
2020
Format de projection
Numérique
Durée
4'35
Diffusé dans Compétition #1.

Synopsis

L’obscurité n’émerge jamais, mais elle est présente. Une sorte d’atmosphère adolescente, des tempêtes inattendues et des paysages engageants s’entremêlent. Dans une ambiance envoûtante, la proximité et la distance se révèlent à travers une structure réfléchie, où les images et les sons confondent l’imaginaire et le réel. La sensualité et le désir sont interdits, d’une certaine façon, comme face à un mur de verre.


sous-titres

 

hai hai
 
oooooo

babes
hai

dans la lune,
en poudre fine,
demi-fantôme incomplet,
faible puissance
réel, lent,
et lourds

ma chambre est encore toute nue maintenant

le lendemain matin
ça aura du sens

Texte du comité de sélection

L’artiste canadienne Charlotte Clermont poursuit ses expérimentations avec des plans figuratifs et monochromes (soutenus par des sons vibrants et bruyants) avec special dark glass somewhere, reprenant les pratiques et les motifs déjà explorés dans sa pièce de 2019, you’re a plant whisperer and for me, it’s enough (une collaboration avec Julien Champagne, projetée au Festival des Cinémas Différents l’an dernier). Son travail traite de la sexualité à travers des mots, des paysages, des natures mortes ou des zones érogènes moins connues comme le coude (!).

– S.M.

FCDEP

Pouvez-vous expliquer le lien entre votre précédent film You’re a plant whisperer and for me it’s enough et Special dark glass somewhere ?

Charlotte Clermont

Special dark glass somewhere emprunte deux éléments à You’re a plant whisperer and for me, it’s enough : le symbole du coude et le défilement de plans monochromatiques. J’ai compris que j’avais une nouvelle piste, en utilisant des plans monochromatiques, pour rythmer mes images, mais aussi pour donner à l’esprit des espaces “absents” et colorés, qui permettent selon moi de nous réfugier aisément dans notre inconscient, afin d’interpréter à notre façon les séries d’images figuratives. Avec les plans monochromatiques, je me suis amusée à créer des espaces de réflexion mais qui influencent quand même notre train de pensée puisque nous sommes face à une couleur spécifique. Je crois fortement que les couleurs stimulent, différemment selon chaque personne, une émotion ou un spectre d’émotions. Pour le coude, j’ai simplement pensé qu’il traduisait bien l’idée du désir, de l’inaccessible, du fantasme. You’re a plant whisperer and for me, it’s enough est donc devenu, en quelque sorte, la prémisse de Special dark glass somewhere.

FCDEP

Vos films traitent de la sexualité d’une manière très ouverte, mais subtile, pouvez-vous nous en dire plus sur ce sujet spécifique de vos films et comment il est lié à vos choix esthétiques (comme l’utilisation de plans monochromes, de sons expérimentaux, de natures mortes, etc…) ?

Charlotte Clermont

Ça me fait bien rire, cette question ! Je suis contente et un peu étonnée, étrangement, que vous perceviez une sexualité dans ce film ! Oui, effectivement, mon travail oscille entre l’évident et le subtil. C’est un rythme qui m’anime et me motive à produire mon propre univers. J’entreprends présentement des études en sexologie dans le but de devenir clinicienne dans ce domaine. La notion d’intimité teinte mes œuvres depuis le début. Avant, je travaillais plus sur l’intimité familiale, mais maintenant, c’est plutôt l’intimité amoureuse.

Selon ma symbolique personnelle, les plans de la nature (ou still life) sont liés à une forme de liberté intérieure. L’eau symbolise définitivement l’inconscient, qui est associé à la Lune. Les rochers servent de territoire solide, une maison psychique ou une sorte d’équilibre mental. Le film se base sur un travail d’associations symboliques et sa structure, l’ordre dans lequel apparaissent les images, est cruciale, c’est comme son squelette. Comme je l’ai dit précédemment, les plans monochromatiques sont des terrains d’absences, vides, colorés. Je voulais que le film circule en mouvements ondulatoires, avec beaucoup de distances entre chaque ondulation. C’est un film qui « respire », il incarne la respiration. C’est beaucoup plus facile pour moi de m’expliquer sous forme d’images. Normalement, je pourrais faire des gestes devant vous pour vous expliquer et ce serait plus compréhensible.

Special dark glass somewhere s’exprime dans la liberté, le détachement, l’imprévisibilité. C’est l’exploration et l’apprentissage d’une nouvelle sexualité, celle qui n’appartient pas aux modèles conventionnels de la monogamie. Et la musique souligne le mystère, l’érotisme et la découverte. La musique, que j’ai composée avec mon amie Gabrielle Godbout — musicienne et artiste visuelle - est présente pour créer un effet synesthésique. Je suis sensible autrement par les stimulis visuels, chromatiques et sonores… ma synesthésie me procure des sensations qui se rapprochent de l’orgasme sexuel et je pense que c’est ce que j’essaie de transmettre, en partie, aux personnes qui regardent ce film.

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