Diffusé dans Compétition #2.
Synopsis
Une foule regarde quelque chose. Les yeux trahissent les croyances de chacun. Le film est fait à partir d’un scan de pellicule, sans pour autant être un film argentique. Il est constitué d’un assemblage d’images scannées photogramme par photogramme. A Crowd est une trilogie : Croyance - Croisement - Dinosaure.
Texte du comité de sélection
A Crowd n’est pas à proprement parler un « film de found footage ». Les stock-shots de provenances diverses sont retravaillés images par images avant d’être scannés. L’auteur construit à travers une série de tissages et de tramages d’images au statut diégétique varié un miroir qui nous renvoie au statut de « double » de celui du sujet décortiqué à l’écran. C’est une (des) foule(s) dont on peut faire partie qui ouvre cette « litanie plastique » qui tricote ensuite des textures denses de déchets divers (bouteilles, canettes, affiches déchirées) qu’une ouverture vers d’improbables cieux clôt (provisoirement). Le ressenti, ici puissant et enivrant remplace toute tentative d’élucidation. Et puis, faut-il élucider toutes les œuvres ? L’expérience visuelle prime souvent sur toute déclaration d’intention.
– R.B.
Quel est le point de départ de votre film ?
Avant même de commencer ce travail, la méthodologie a été ce qui m’a le plus intéressé. Lors du démontage d’une image, j’ai pensé à la manière dont chacune des images pouvait être visualisée indépendamment sans perdre ses spécificités. Cela résultait de l’intérêt porté à la relation entre l’agrégation et la dissolution, et entre l’existence globale et individuelle. L’objet qui pouvait présenter de telles caractéristiques était un ensemble de choses. Pour moi, les gens, les forêts en construction et les tas d’ordures étaient les meilleures images pour identifier la méthodologie et le contenu du travail.
Je trouve la technique intéressante car la frénésie avec laquelle les images défilent fait écho à celle de la ville. La nature hypnotique de vos images renforce l’idée d’aliénation inhérente à la vie en ville. Quelle technique avez-vous utilisée pour la créer ?
La technique sur A crowd est simple. D’abord, on découpe l’image originale imprimée au format A4 en format de film 16 mm, puis on scanne image par image les images découpées. Les effets visuels ont encore été maximisés en montrant la connectivité structurelle tout en combinant les images fixes produites dans ce processus en une image en mouvement. Ce qui est intéressant, c’est qu’en faisant ce travail, je me suis penché sur le type de relation liant le fait d’être concentré et aliéné et le cadre, et c’est sur quoi je travaille désormais.
Combien de temps a pris l’élaboration de votre film ?
Il a fallu plus de six mois, bien que cela ne soit pas vraiment clair, parce que je n’y ai pas touché pendant certaines périodes. Au début, j’ai planifié Belief, qui est le premier volet de la trilogie de A Crowd, et j’ai travaillé dessus pendant deux ou trois mois. En travaillant sur Belief, j’ai pu concevoir une composition pour la trilogie. Ainsi, les deuxième et troisième parties ont été beaucoup plus faciles à mettre en place grâce à la méthodologie issues des essais et des erreurs grossières de la première partie. Pour finir, le travail a commencé en mai et juin 2019 et s’est achevé en janvier 2020.
Comment intégrez-vous A Crowd dans votre travail ?
Le projet sur lequel je travaille actuellement a émergé lors de l’élaboration de A Crowd. Fondamentalement, il a commencé par une préoccupation concernant le cadre de l’image, mais maintenant il concerne le regard lié au cadre dans une perspective plus étendue.