Diffusé dans Compétition #2.
Synopsis
Un collage mystérieux observe méticuleusement une femme en train de produire une sérigraphie d’elle-même. Une deuxième couche rouge contamine l’image. Cela double ensuite lorsque le motif est également appliqué à ses vêtements. Une miniature sur la réalité et la reproduction avec un collage sonore et musicale.
Texte du comité de sélection
Étude surréaliste d’une forme en fuite. Une jeune femme se transfère, la couleur glisse d’un état à l’autre. Le motif devient refrain et s’accorde avec la douceur désuète de la bande son par Leyland Kirby. Une réflexion sur le support déjà présente dans son précédent film Printed Sunset, 2017, où le dispositif photographique se déploie, du tirage au 16mm.
– R.G.
Ce film vient clore, si je ne me trompe pas, une trilogie dont fait partie Printed Sunset, primé au FCDEP en 2017. Pouvez-vous un peu parler du projet général qui parcourt cette trilogie ?
Chaque film de la trilogie est motivé par différents éléments, tant personnel comme extérieur à moi, je les vois tous les trois comme une sorte de portrait. Mais un des catalyseurs qui a fait naître ces films c’est l’idée de devenir une image et les flux d’identité que cela pourrait représenter. En partant de là, j’ai essayé de concevoir la structure avec les éléments plus basques du cinéma : le décor, le mouvement, le geste, etc.. Ainsi Printed Sunset est presque littéralement un coucher du soleil imprimé et Mirror Travelling, est littéralement un travelling autour d’un miroir. Pour Aberración Cromática (fiebre), c’est moins simple que ça, car je me suis inspiré d’un livre de Derek Jarman qui s’appelle Chroma : à la manière d’un journal, et en étant malade à l’hôpital, il écrivait ses observations autour de la couleur, je me suis intéressé à l’ambiguïté de la couleur rouge et ses connotations culturelles et naturelles.
Pouvez-vous nous parler de votre rapport à la pellicule ? Pour votre précédent film, vous aviez tiré une copie à L’Abominable. En avez-vous l’intention pour celui-ci ?
Pour la pellicule, ça m’intéresse le processus qu’elle dévoile, au-delà de ses qualités formelles (format, texture, chimie) qui m’attirent, je pense qu’en étant un médium qui ne fait plus partie de la grande industrie, on doit inventer des économies propres à notre échelle pour l’utiliser, sauf si on est Christopher Nolan ou Tacita Dean. Dans mon cas par exemple, j’essaie de ne faire jamais une double prise, c’est à dire j’assume ce qui a été lors de la première et seule prise. Cela change complètement la conception d’une production, privilégiant les reprises avec les performeurs et performeuses. Après, j’aime bien le scanner pour travailler tranquillement le son en postproduction, que dans mon cas c’est la moitié du film en termes de production. Pour Aberration Cromática (fiebre), non, je n’ai pas l’intention de le montrer en pellicule, la copie que j’ai fait à l’Abominable de Printed Sunset m’a démontrée qu’il me manque une maîtrise technique pour réussir à avoir une belle copie.