Die Urpflanze

Olivier Cheval

Pays
France
Année
2020
Format de projection
Numérique
Durée
6'40
Diffusé dans Compétition #3.

Synopsis

Lors de son voyage en Italie, Goethe visitait les jardins botaniques des villes où il séjournait. Il fantasmait alors de découvrir l’existence de la plante primitive : le moule où toutes les autres, malgré leur différence de forme, se seraient formées. Lors du tournage d’un film adapté de ce voyage, je me suis rendu deux fois au Jardin Botanique de Naples. Les deux fois, la pellicule a été visité par un fantôme. J’y ai vu le fantôme de cette plante primitive, mais aussi le souvenir du début de l’enregistrement photographique, ces dessins photogéniques de plantes que réalisa Henry Fox Talbot.

Texte du comité de sélection

Le concept de Goethe d’une plante primitive (de son Italienische Reise) rencontre une sélection de dessins photogéniques d’Henry Fox Talbot (tirés de l’emblématique The Pencil of Nature, 1844-1846) dans Die Urpflanze d’Olivier Cheval. Sorte de pendant éthérée de son œuvre de 2018 Le Songe de Lady HamiltonDie Urpflanze est le film le plus abstrait et non conventionnel de Cheval, montrant encore une autre direction stylistique dans son travail qui va de la comédie musicale à l’animation 3D conceptuelle et au found footage.

– S.M.

FCDEP

Lors de votre tournage au jardin botanique de Naples, un fantôme visite la pellicule, le support avec lequel vous tourniez. Quel est votre rapport à ce support ? Qu’en est-il dudit fantôme lors que le film est numérisé ? Existerait-il, pour vous, un rapport entre les fantômes et le support analogique ?

Olivier Cheval

Un fantôme a visité deux fois la pellicule. Je suis allé à Naples, j’ai filmé, j’ai développé la pellicule, j’ai constaté l’accident, j’y suis retourné pour refaire les mêmes plans, mais un autre fantôme s’était de nouveau invité. J’ai tourné beaucoup de plans avec cette même caméra pour un film adapté du Voyage en Italie de Goethe, dans la ville, sur le port, dans un bateau, en haut de deux volcans. Mais seul le jardin botanique était hanté. Une fois, c’est un accident. Deux fois, c’est un signe. Il fallait essayer de comprendre ce mauvais sort comme une chance. L’histoire de la plante primitive ne serait pas dans mon film de fiction Le Songe de Lady Hamilton, mais il ferait l’objet d’un film à part. Ça a donné Die Urpflanze. Seul le cinéma analogique est un support vivant qui peut connaître ces choses mortuaires que sont la hantise, la survivance, la vie posthume. Le film est une réflexion autour de vitalité pleine, archaïque, première, celle que Goethe a étudié sous les espèces de la morphogénèse végétale, et de la vitalité trouée, balbutiante, mortifère, celle qui s’invente avec la photographie. The Pencil of Nature de William Henry Fox Talbot, auquel le film rend hommage, est le mariage magnifique et impossible de ces deux modes de vitalité.

FCDEP

Le film naît d’une chute (ou des images non utilisées) d’un autre projet (plus large, d’adaptation du Voyage en Italie de Goethe). L’utilisation de chutes est-elle importante pour vous ? Un tournage peut-il contenir implicitement plusieurs films ?

Olivier Cheval

Je dois de m’être repenché sur les chutes de mon film à l’invitation qui m’a été faite par Baptiste et Constantin Jopeck de résider à l’été 2019 au Dôme Festival. L’invitation spécifiait un intérêt particulier pour les pourtours, les restes et les suites à donner à un film, un projet que l’on a estampillé “achevé”. Ces images qui n’avaient pas trouvé leur place dans le film terminé l’été précédent, elles continuaient de me hanter. La résidence m’a permis de m’en libérer en leur offrant d’être la matière d’un petit film autonome, rebond et clausule du film précédent.

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