Diffusé dans Compétition #3.
Synopsis
Those Who Do Not Remember The Past Are Condemned To Repeat It est un documentaire expérimental qui étudie les passages entre le suicide collectif du Temple du Peuple à Jonestown, et le jeu d’horreur à la première personne Outlast 2 développé par Red Barrel. Réalisé à partir des archives du FBI et de machinimas.
Texte du comité de sélection
Ce film constitue un jeu de miroirs complexe où se reflètent plusieurs catégories d’images. Un socle de réalité tout d’abord : vues aériennes de la Guyanne anglaise, archives montrant le désordre régnant dans les bâtiments de la communauté dite du Temple du peuple à Jonestown, après le suicide collectif de l’immense majorité de ses membres (plus de neuf cent personnes) en novembre 1978, et des photographies d’enquêteurs sur une fusillade. Des images virtuelles ensuite, celles d’un jeu vidéo décrivant un univers scabreux où de multiples signes évoquent l’omniprésence d’êtres marginaux, anticonformistes, mystiques, et montrant aussi des tas de cadavres ensanglantés. Et puis il y a des images mentales. Celles qui se formaient dans la tête du pasteur Jim Jones et de ses adaptes, esquissant les formes d’une communauté utopique. De vieux enregistrements nous font entendre les voix de ces esprits égarés et disparus. Enfin, les images qui se forment aujourd’hui dans nos esprits, cherchant à rétablir entre toutes les autres, contenues dans le film, des relations cohérentes. Mais il n’y a pas de cohérence, seulement l’angoisse très profonde suscitée par l’hypothèse d’un monde d’où tout “savoir-être-social” aurait disparu, monde de corps et d’esprits déchirés à jamais irréconciliables.
– F.T.
Pouvez-vous revenir sur la genèse de votre film ? Pourquoi avez-vous choisi de travailler sur ce sujet ?
Those who do not remember the past are condemned to repeat it est l’un de mes travaux qui intègre la série de jeux vidéo Outlast. Dans Outlast 2, le jeu vidéo adapte le suicide de masse de Jonestown comme référence et arrière-plan. À l’origine, je voulais réalisé un projet qui utilisait uniquement des images tirées du jeu vidéo. Cependant, après avoir fait des recherches sur Jonestown et consulté les archives du FBI, j’ai changé d’avis et j’ai incorporé les documents d’archives dans ce projet. Pour moi, qui ai grandi avec la religion catholique et chrétienne, le sujet de la religion a été une fascination personnelle et sentimentale. Je crois que cette trajectoire personnelle est cruciale pour faire fonctionner ce projet.
Quelle technique avez-vous utilisée sur Those Who Do Not Remember The Past are Condemned To Repeat It ? Comment avez-vous envisagé le lien entre les archives et les images numériques ?
Ce film est composé de deux parties principales : l’une est la séquence de jeu vidéo et l’autre est les images d’archives. Pour la première, j’ai juste utilisé un code de modification du jeu vidéo pour capturer différents angles de l’environnement du jeu. Pour la seconde, j’ai sélectionné du contenu dnas les archives du FBI et des archives audio et photographique de l’Institut Jonestown. Il y a beaucoup d’enregistrements audio qui transmettent une autre facette du culte de Jonestown et j’ai sélectionné certaines parties et les ai montées avec les archives visuelles et le jeu vidéo comme un voyage cohérent. Tout au long du processus de travail de ce projet, j’ai progressivement acquis une compréhension renouvelée du lien entre l’image numérique et les archives. La dynamique entre les archives et les images numériques constitue différentes possibilités pour reconstruire l’essence des expériences auditives et visuelles, ce qui est crucial pour redéfinir le paradigme artistique aujourd’hui.
Combien de temps vous a pris la réalisation de votre film ?
Il n’a pas fallu longtemps pour composer le film. Il m’a juste fallu un mois. Cependant, le processus de réflexion et de recherche a été plus long que la réalisation du projet. Si je me souviens bien, il m’a fallu quelques mois de recherche par intermittence.