Diffusé dans Compétition #4.
Synopsis
Heure par heure, l’ancestral visage de la répétition
Les êtres changent, heure par heure,
Par la pensée nous vieillissons
Tout périt, l’inconnu et le connu
Ce qui reste connu, il ne le sait point.
Rien, conscient ou inconscient, ne revient.
Ceci égale, de fait, ce qui n’est pas notre égal,
Préservons donc, dans cette chaleur que nous connaissons,
La flamme de l’heure passée.
Ricardo Reis (Fernando Pessoa)
Texte du comité de sélection
De plus en plus prolifique, et loin des cadres de l’autofiction pour lesquels on le connait (Dead People, Mario Makes a Movie, ou bien le récent It’s About Time), Roger Deutsch nous livre The Flame of the Spent Hour, un de ses films les plus sombres, pièce de found footage en crescendo sonore, cauchemar marqué par une page blanche imprévue et spectrale.
– S.M.
Au cours de l’année écoulée, vous avez changé, modifié votre façon de faire des films, passant d’une pratique orientée vers la narration et la voix-off à une façon plus informelle, libre et abstraite de traiter les images et les sons. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce changement ? Avez-vous mis Roger (votre alter ego homonyme que nous avons entendu dans plusieurs de vos films) en attente ?
Le montage de films est ma façon préférée de passer du temps. Mais j’ai toujours passé des mois à être obsédé par la structure de mes films avant de commencer le montage. En 2018, après un an et demi de travail, j’ai terminé Fathers and Sons, qui a été projeté lors de la 20ème édition du Festival des Cinémas Différents et Expérimentaux de Paris. Un jour, je discutais avec mon ami, le cinéaste Péter Lichter, pour essayer de lui expliquer la structure extrêmement compliquée d’un nouveau film que j’envisageais. Péter m’a suggéré qu’au lieu de structurer à l’avance, je devais commencer à expérimenter en lançant simplement des plans sur la timeline et en essayant de trouver leurs associations “poétiques”. Il m’a assuré, compte tenu de mes inclinations, que la structure se ferait connaître au fur et à mesure de mon travail.
J’avais un titre qui me plaisait, un peu oublié, mais je n’avais pas d’autres idées. J’ai trouvé un premier plan que je pensais efficace et je me suis demandé ce qui allait suivre. Et c’est ainsi que ça s’est passé, plan par plan. Rapidement, les thèmes ont commencé à se révéler et j’ai commencé à voir toute la structure. Ensuite, c’était une pure joie de faire bouger les choses jusqu’à ce que j’obtienne un film qui fonctionne et qui, par coïncidence, durait exactement 9 minutes. C’était extrêmement agréable pour mon côté formaliste. J’ai donc réalisé cinq films dans ce style au cours de l’année dernière environ. Faire des films est devenu amusant sans mon personnage de “Roger”.
Mais “Roger” n’est pas parti tranquillement. Il veut raconter un film abstrait que j’ai tourné à Venise. Nous avons discuté de la question juste avant que je m’assoie pour écrire ceci.