Diffusé dans Compétition #5.
Synopsis
Le corps féminin est toujours en danger. Un rapport d’autopsie décrit les effets physiques qui conduisent à la mort, mais ne dit rien sur la violence structurelle et récurrente qui est souvent la cause du fémicide. À l’aide d’archives cinématographiques, d’animations et de poésie parlée, les mécanismes sous-jacents sont révélés et la violence structurelle contre les femmes rendue visible. (Catalogue Berlinale 2020)
Texte du comité de sélection
L’usage du found-footage, de la réappropriation d’images venues d’archives ou de l’internet constitue une des démarches cardinales de l’expérimental contemporain. Aujourd’hui, il ne s’agit plus – ou pas majoritairement – de revisiter l’histoire du cinéma comme le firent, entre autres, Matthias Müller ou Bill Morrison, mais de susciter des critiques socioculturelles à partir des images-mêmes, à partir des pièces à convictions mêmes (les images). Cause of Death réunit, assemble, une foultitude d’images (en noir et blanc) venues de sources les plus hétérogènes pour nous (dé)montrer, l’évidence du visuel faisant foi, un vaste inconscient dont le moteur même carbure à la « destruction programmée des femmes ». Femmes africaines asservies, ouvrières du début du XXème Siècle occidental, femmes pendues…une lugubre et très graphique symphonie létale se dégage de ce film qui angoisse autant qu’il donne à réfléchir.
– R.B.
Texte critique
Écraser, battre, noyer, pendre, brûler. Fémicide. “Le point de départ de Cause of Death : examiner la manière dont les images des femmes ont été historiquement marginalisées dans les archives ou comment elles ont été représentées.” Jyoti Mistry.
La fiche d’un rapport d’autopsie anonyme documente les attaques violentes comme “cause de la mort”. Jyoti Mistry construit cinq vignettes miniatures au rythme de la poésie parlée évocatrice de Napo Masheane, accompagnées d’une collection extrêmement incompatible de pièces d’archives du musée du film EYE à Amsterdam - séquences de films ethnographiques, films de chorale et films de culture physique. Fémicide, chasse aux sorcières, lapidations. Des corps disciplinés et indisciplinés, joyeux et exubérants, prudents et anonymes. Spectacles visuels et impertinences s’entremêlent dans un flot ininterrompu de boucles et d’accélérations, de mouvements de danse circulaire et collective, d’ornements de groupes de filles. Des marques et des coches sur les images évoquent un pouvoir caractéristique et discriminatoire. Des flashs ou des rayons X incrustés de structures squelettiques qui apparaissent parmi les corps traités et maltraités, accompagnés de coups, de bruits de rupture, de cliquetis de pierres. Des regards intenses vers la caméra transmettent la fierté et l’orgueil brisé, les attentes et la présence d’une expérience profonde. Des cicatrices profondes … Anonymus était une jeune fille … quand un inconnu anonyme meurt …
“La femme au regard curieux et attentif à la fin du film est une femme que je trouve obsédante. C’est une femme comme les autres, mais elle se distingue des autres et son regard droit vers la caméra est saisissant parce qu’elle exige d’être vue”. Jyoti Mistry
– Madeleine Bernstorff