Diffusé dans [REPORTÉE EN SALLE] Compétition #7.
Synopsis
Un tableau d’humeur pour le sultanat Deccan d’Inde du sud. Une tapisserie d’images nous ramène à travers des chandeliers somptueux de la cour du dernier Nizam d’Hyderabad vers le récit de souvenirs de Babur, le fondateur de l’empire Moghol. Une série de crescendos disparaît en racontant la chute d’une époque de la grandeur. Ce film est un hommage à majesté vu à distance, avec un regard d’un voyeur.
Texte du comité de sélection
Durbaar (quatrième film de Gautam Valluri) déploie sa proposition de sons et d’images comme un paon qui fait la roue : de l’introduction sonore en crescendo (où l’on pourrait imaginer la longue queue du paon, encore fermée) à l’explosion de couleurs de la séquence des enluminures. Et entre ces deux séquences : l’obsessionnelle contemplation des somptueux chandeliers de la cour du Dernier Nizam d’Hyderabad.
– S.M.
Pouvez-vous nous parler de l’utilisation du son dans Durbaar, il semble pour moi y jouer un rôle clef. Est-il fondamental pour comprendre votre projet ?
Le film est conçu comme un tétraptyque, où chacune des quatre parties fait allusion à un aspect spécifique de l’époque que j’essaie de réimaginer. La première partie étant purement sonore (une “ouverture” musicale), elle établit une ambiance sonore pour ce qui est à venir. J’ai improvisé toute cette partie sur un piano classique, puis je l’ai inversée numériquement (comme pour donner une impression de “retour en arrière”) avant de la superposer à des enregistrements réalisés lors d’un appel à la prière provenant d’une mosquée. La deuxième partie est “architecturale”, c’est-à-dire que le son est censé faire écho à travers les lustres somptueux et “sonner” sur ceux-ci. Le son de cette partie est purement construit à partir de sons “trouvés”, une sorte de collage provenant d’autres sources. La troisième partie est purement visuelle et présente donc une absence notable de son. La dernière partie est également réalisée par mes soins, et se compose d’imitations numériques de sons de dauphins joués sur un clavier virtuel.
Je n’aime pas l’idée que le son renforce le message du visible dans un film. Je vois le son comme une couche de vernis sur un meuble, il protège ce qui se trouve en dessous mais le met aussi visuellement en valeur d’une certaine manière. J’aime que le son et l’image soient synchronisés et qu’ils puissent ainsi s’influencer mutuellement. Un peu comme la peinture de Unsere Afrikareise (1961-1966) ou Arnulf Rainer (1973) de Peter Kubelka.