Volgograd — De rouille et de boue

La Destination (Anne Fave & Emmanuel Carquille)

PM
Titre original
Volgograd — De rouille et de boue
Pays
France
Année
2021
Format de projection
Numérique
Durée
7'50
Diffusé dans Compétition #3.

Synopsis

Une mémoire qui s’efface, rongée par le grain et les transferts successifs, d’une séquence travelling tournée en Super8 en 1993.

Documentation

Ce que nous pouvons déjà dire c’est que ce travail a été réalisé lors du confinement, où ne pouvant sortir et filmer, nous retrouvant à la maison, avec à disposition tout ce qui trainait sur nos étagères, c’était le bon moment pour « re-voir » ce qui restait dans d’anciennes rushes, le temps de retour dans nos archives personnelles. C’est ainsi que sur une cassette VHS ont émergés quelques plans réalisés à Volgograd en 1993, tournés en S8 noir et blanc, avec une caméra à ressort achetée sur un marché aux puces local. Mais le refilmage du super S8, passé par une caméra vidéo en V8 (avant le HI8), et transféré sur une K7VHS, aboutissait à une image granuleuse. Le VHS fut ensuite numérisé puis transféré sur Final Cut. Des générations de perte et d’usure, une définition granuleuse. Une économie du recyclage permanent, au gré des évolutions techniques: S8, V8, VHS, numérisation, de transferts en transferts, jusqu’à l’obtention d’une matière dense, fébrile, fragile, proche parfois de la gravure, avec un grossissement du grain comme en photocopie, laissant échapper des images toujours en limite de lisibilité, dévorées de noir, densifiées et brouillées tout à la fois par les jeux de superpositions/surimpression. Le grain teinté de brun, comme une sulfurisation , rendant une certaine réalité de la ville: la boue et la rouille omniprésentes, les trottoirs éventrés, les immeubles en chantier jamais finis et déjà l’abandon des anciennes structures industrielles, mêlés à des bribes de symboles datant
de l’ère soviétique. Juste une vision. Une trace mnésique.
Comme toujours ce qui est montré là, n’est qu’une version; car comme souvent il existe plusieurs versions, avec des durées variables, des couches et couleurs variables, des bandes
sons différentes. Les films étant souvent à l’origine prévus et réalisés pour des situations diverses, principalement pour des installations, ou bien des projections en direct accompagnées d’un environnement, d’actions, de son live… Il existe également une version triple écran de « Volgograd » (Part 1/Part 2/l’Image oubliée (où des silhouettes fantômes sont exhumées d’un océan de grains)
Ce film travelling , allié à des figures de retour , de réapparitions, de boucles différentes à chaque fois, joue ainsi sur des effets de mémoire, de palimpseste, de ressassement comme
nombre de nos autres réalisations. Il appartient par ailleurs à un cycle autour des figures de villes d’Europe (Moscou, Londres, Budapest, Prague, Copenhague, Bergen, Cagliari, Paris…) et datent pour la plupart de nos anciens travaux en Super 8. Il n’est en cela pas exactement le reflet de nos activités récentes. Même si les textures , les trames, l’aspect picturale, le grain sont toujours prépondérantes dans notre travail actuel. Désormais nous travaillons essentiellement en vidéo, avec un rapport au montage beaucoup plus précis, et un contrôle des plans accru et une focalisation concernant l’entre deux des images, le tissage. Il demeure cependant toujours cet attachement aux strates, aux jeux de vitesses, aux nuances de couleurs, et à une forme fortement ambiante, voire hypnotique, due tant au tramage des images, et à leur résonance, qu’au son.

Texte écris par Anne Fave & Emmanuel Carquille

 

 

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