Shown in Compétition #1.
Synopsis
From a sketchbook in the house of Gabriel to the end of the steel industry in Lorraine, a walk at the beginning of a game of goose.
Text from the selection committee
With maison Lorraine, French filmmaker Ishrann Silgidjian presents nine of the sixty-three spaces of his ongoing film project in the form of a Goose game, where the act of exploring spaces is investigated and presented through various modalities and situations.
– S.M.
Note d'intention
UN PÈRE
Gabriel, peintre et dessinateur, professeur de photographie et de dessin (notamment Beaux-Arts de Metz) naît aux Lilas à la fin de la seconde guerre mondiale, de parents arméniens immigrés en France suite au génocide de 1915. Après avoir connu 68 dans les rues de Paris, il quitte la capitale pour s’installer en Lorraine, rénovant durant 40 ans une maison, partie intégrante de son oeuvre plastique. Imprégné de culture chrétienne, fasciné par le jazz puis par la musique répétitive américaine, sa quête de spiritualité le conduit aux pensées et aux esthétiques de l’Extrême-Orient.
LE JEU DE L’OIE
Juste avant de mourir, il faisait travailler ses étudiants à la création des 63 cases d’un jeu de l’Oie, tandis que lui, en fabriquait le dé. Le nombre 63 se subdivise en 7 séries de 9 cases, chaque série représente un espace géographique traversé en acte ou en pensée par mon père, du plus intime, la maison, à la terre d’origine, adorée et fantasmé, l’Arménie, en passant par l’Amérique et la Chine. La 9e case de chaque série est une oie, cette oie, c’est moi.
TRAVAIL DE LA MINIATURE / TRAVAIL DE LA SÉRIE
Chacune des cases sera une sorte de miniature, pouvant donner lieu à film en soit. En sens inverse chaque film est condensé afin de s’inscrire dans une série. Il s’agit d’explorer à la fois une facette de mon père (resté une énigme pour moi), ainsi qu’un élément de langage cinématographique. Un voyage initiatique, où je chemine tout autant à la découverte des questions qui agitèrent mon père, que de ce langage relativement nouveau qu’est le cinéma.
UN FILM NON LINÉAIRE
Plus qu’une histoire, c’est un portrait plastique, situé davantage du côté de la sculpture que de la peinture : portrait dans l’espace autour duquel on pourrait tourner. Chaque case serait alors une facette plane de cet objet pluridimensionnel. Ces miniatures fragmentaires, en s’assemblant et se combinant dans des rapports d’attraction, de répulsion, de complémentarité ou d’hétérogénéité, en viendraient à s’agréger pour s’élever et former un volume. Mais cette conception spatiale vient se heurter à la forme linéaire, dans le temps, de l’objet cinématographique, objet dont on ne fait pas le tour à son gré mais qui se déroule sous nos yeux de son début à sa fin.
Cette question du passage d’un médium à l’autre, des arts plastiques au cinéma, incarne alors le passage d’une génération à l’autre, celle de mon père à la mienne.
UN JEU POUR FAIRE MONDE
Au delà du portrait d’un homme, c’est un monde qui m’a été transmis que j’essaie de venir habiter.
Can you explain us a little bit the project of the game of the goose ?
At the beginning I wanted to do the portrait of a man, Gabriel, a close relative who disappeared, which remains for me a kind of enigma. Asking myself about the question of the cinematic portrait, it soon became clear to me that it could not be a completely linear object, but that it was rather a question of exploring different facets of the same character. On the other hand, one of the last projects of Gabriel, a painter and draftsman, was about the game of the goose. By crossing these two elements, it appeared to me that this game could serve as a structure for my portrait, each square embodying a facet of the character.
Last year we projected part of it, and this is the first time we have seen such an assembly.
It is a long term work that mixes different time scales.
Manufacturing time: each case takes me between 6 months and 2 years of work, the whole project should take me about ten years.
Duration of the manufactured objects: if each box lasts between 2 and 10 minutes, the whole set put end to end will represent several hours of film. And it is possible to imagine a multitude of intermediate assemblages of variable duration.
Last year, the desire to submit something of this nascent project to the FCDEP was a driving force to finalize a first hotel box (box number 19). During this very exciting experience of sharing with an audience, it seemed to me that an essential aspect of the project was missing, that of the heterogeneity between the boxes, relative to the “faceted portrait” envisaged. This made me want this year to think about an assemblage, even if I still have only a few boxes available (a dozen), to explore what is created in the juxtaposition of these different short forms.
Quelles nouvelles cases êtes-vous en train de préparer ?
The current boxes are at different stages of completion.
For some of them, the editing (poster, public space), sound effects (cafés), some are still being filmed (bridge, wasteland), many others are in the process of being “written”.
In the sense of exploring cinematographic forms, I plan to develop short fictions. Notably for the case “May 68”, where I want to show the daily life of a family going through the year 1968, in the form of a closed-door event.