Situation(s) du langage et cinéma

Focus #4

Sat 10 October 202010.10.20
16H00—18H00
1 rue Charles Garnier
93400 Saint-Ouen
Fee
Libre

Presented by the members of Université Buissonnière.

Based on a selection of experimental films that inspired us around thoughts dealing with political and sociolinguistic issues, we will ask ourselves the following questions: what relationship do these experimental films have with language? How are language forms apprehended in them? As part of a study for a politics of language, these films will be both an opportunity to question cinematographic representation of the use of language in experimental cinema and a means of questioning our own sociolinguistic frameworks of analysis and our own definitions of language.

Open discussion between a group of sociolinguists, an audience, and experimental films dealing with language in many different ways.

Dans les années 70, la linguistique exerçait son pouvoir d’attraction sur une bonne partie des productions théoriques et artistiques, de la philosophie aux sciences humaines et sociales en passant par la littérature et le cinéma. Sa capacité à modéliser le fonctionnement du langage en tant que structure et à produire des concepts — notamment ceux de signifié et de signifiant1 — rejoignait sans doute une certaine idée de la modernité : les structures sous-jacentes mises au jour par les analystes avaient valeurs de preuves de scientificité irréfutables, c’est-à-dire de vérité incontestable.

Mais aujourd’hui encore, alors qu’un décentrement théorique a été opéré au sein des sciences humaines, aussi bien vis-à-vis de la Vérité que du formalisme nécessaire pour s’y approcher, les cinéastes et les artistes en général ont recours plus ou moins consciemment à diverses théories du langage issues de cette période. Or, depuis l’époque dite post-moderne, des approches comme la sociolinguistique, l’analyse du discours ou l’anthropologie linguistique ont largement remis en question ce cadre structuraliste, qui faisait du code son unique horizon, en resituant le rapport entre forme et sens dans un contexte, toujours mouvant et dynamique, dans des relations subjectives et surtout dans une histoire. Dès lors, la dimension politique du processus interprétatif est apparue sous un nouveau jour.

Langue, parole, discours, langage, signe, dialogue, voix, interaction… autant de manière de dire l’activité langagière. Mais combien de manières de la filmer ? De la mettre en images et en sons? Et qu’est-ce que ces différentes représentations nous apprennent quant aux rapports — poétiques, politiques, théoriques — des cinéastes expérimentaux au langage ?

Parce que le langage n’est pas qu’une question de sens et parce que le cinéma a toujours à voir avec le langage — qu’il le questionne explicitement ou non — , et parce que l’un et l’autre peuvent avoir une portée critique et réflexive, l’objectif de cet atelier est de faire dialoguer le regard cinématographique et celui du (socio)linguiste, à partir d’une sélection de films expérimentaux, autour d’une question : que font les cinéastes expérimentaux lorsqu’ils filment l’expérience du langage ?

1

Dans le cadre de la théorie saussurienne du signe linguistique, le signifiant désigne la forme acoustique du signe (les sons qui composent le mot, généralement transcrits en alphabet phonétique international), et le signifié désigne la face conceptuelle du signe (l’idée qui surgit lorsqu’on entend le mot). L’objet du monde physique désigné par le signe est quant à lui appelé référent, mais ne fait pas l’objet d’une analyse particulière par Saussure.

Biographie

L’Université buissonnière est un collectif d’enseignant.e.s chercheur.euses et d’artistes désireux de sortir des murs érigés par les institutions universitaires et culturelles afin d’expérimenter autre chose, autre part et avec d’autres.

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