Shown in Competition #4.
Synopsis
The film focuses on Baruch Spinoza as a lens maker, dried fruit and nuts trader and a free-thinker (ongodist in old Dutch), trying to draw several associations between Spinoza’s lens grinding machine (featured in Spinoza Museum in Rijnsburg), some daily objects of his time (also displayed in the museum), the film camera as a lens-based machine, an old edition of his Ethica and a set of sounds recorded on location. As for the sound, old magnetic pre-striped Super 8 Kodachrome stock was used and then incorporated unprocessed.
Documentation
BARUCH SPINOZA EN TANT QUE FABRICANT DE LENTILLES Extraits des lettres recueillies de Baruch Spinoza
à Pieter Balling, 20.vii.1664 :
[…] Je peux confirmer cela, et en même temps l’expliquer, par une chose qui m’est arrivée l’hiver dernier à Rijnsburg. Un matin, alors que le ciel s’éclaircissait déjà, je me réveillai d’un rêve très profond pour constater que les images qui m’étaient venues en rêve restaient devant mes yeux aussi vivantes que si elles avaient été vraies - en particulier “l’image” d’un Brésilien noir et galeux que je n’avais jamais vu auparavant. Cette image disparaissait le plus souvent lorsque je me distrayais en fixant mes yeux sur un livre ou un autre objet ; mais dès que je les détournais de cet objet sans les fixer attentivement sur autre chose, la même image du même homme noir m’apparaissait avec la même vivacité ; et ainsi de suite, jusqu’à ce que l’image disparaisse progressivement de mon champ visuel. […]
à Henry Oldenburg, 20.xi.1665 :
[…] Huygens continue à être complètement occupé à polir des lentilles. Il a construit un instrument assez élégant à cet effet, et il peut aussi l’utiliser -comme un tour- pour fabriquer les lentilles. Mais je ne sais toujours pas quels sont les progrès qu’il a réalisés dans ce domaine, et à vrai dire, je n’en ai pas très envie, car je sais par expérience qu’aucun instrument ne peut polir les lentilles aussi bien, et avec aussi peu de risque d’erreur, qu’une main libre. Je ne sais rien de sûr sur le résultat de ses travaux sur les pendules, ni sur le moment de son déménagement en France. […]
d’Henry Oldenburg, 8.xii.1665 :
[…] En attendant, je vous prie une fois de plus de ne pas refuser ma demande. Et si vous savez quelque chose sur le succès de Huygens dans le polissage des lentilles télescopiques, n’hésitez pas à me le faire savoir. Maintenant que - par la grâce de Dieu - la peste est moins virulente, j’espère que notre Royal Society retournera bientôt à Londres et reprendra ses réunions hebdomadaires. Si quelque chose de notable s’y produit, je ne manquerai pas de vous en faire part. […]
à Johannes Hudde, vi.1666 :
[…] Je pourrais terminer par là. Mais comme j’ai l’intention de faire faire de nouveaux plats pour polir les verres, j’aimerais avoir votre avis à ce sujet. Je ne vois pas ce qu’on gagne à meuler des lentilles convexes-concaves. Au contraire, si j’ai bien calculé, le plan convexe devrait être plus utile. [Les lentilles convexes-concaves me plaisent moins, non seulement parce qu’elles demandent deux fois plus de travail et de dépenses, mais aussi parce que leurs rayons, n’étant pas tous dirigés vers le même point, ne tombent jamais perpendiculairement sur une surface concave. Mais sans doute avez-vous déjà considéré ces choses, fait des calculs plus exacts, et finalement réglé la question. Je vous demande donc votre jugement et votre avis à ce sujet. […]
de Gottfried Wilhelm Leibniz, 3.x.1671 :
[…] Je crois que vous avez reçu le Prodromus de François Lana, écrit en italien, où il propose aussi d’excellentes choses en dioptrique. Mais un jeune Suisse nommé Oltius, qui est très érudit dans ces matières, a aussi publié des Pensées physico-mécaniques sur la vision, dans lesquelles il promet un instrument simple et général pour polir les lentilles de toute espèce, et dit aussi qu’il a trouvé une certaine manière de recueillir tous les rayons venant de tous les points d’un objet, en autant d’autres points correspondants - mais seulement pour un objet à une certaine distance et d’une certaine forme. […]
à Gottfried Wilhelm Leibniz, 9.xi.1671 :
[…] Les lentilles que vous appelez ‘Pandochal’ [= ‘capables de recevoir tous les rayons de la lumière’] corrigent-elles ce défaut ? C’est-à-dire que le point mécanique, c’est-à-dire le petit espace dans lequel les rayons venant d’un point se rencontrent après réfraction, reste-t-il de la même grandeur, que l’ouverture soit grande ou petite ? Car si ces lentilles font cela, il sera possible d’augmenter leur ouverture autant qu’on voudra, ce qui les rendra bien meilleures que toutes les autres figures que je connais. Sinon, je ne vois pas pourquoi vous les considérez comme si supérieures aux lentilles communes. Car les lentilles circulaires ont partout le même axe. Ainsi, lorsque nous nous en servons, tous les points de l’objet doivent être considérés comme étant situés sur l’axe optique, et bien que tous les points de l’objet ne soient pas à la même distance, néanmoins, la différence qui en résulte ne peut être sentie lorsque les objets sont très éloignés, car alors les rayons provenant d’un même point sont considérés comme s’ils entraient dans la lentille parallèlement les uns aux autres.
Mais je pense que lorsque nous voulons saisir plusieurs objets d’un seul coup d’œil (comme lorsque nous utilisons de grandes lentilles oculaires convexes), vos lentilles peuvent aider à représenter plus clairement tous les objets à la fois. Mais je suspendrai mon jugement sur toutes ces choses jusqu’à ce que vous m’expliquiez plus clairement votre pensée. Je vous prie de le faire. […]
(Traduit de l’anglais)