Interferencias - Visions métaphoriques de l'Amérique latine

Focus n°9

jeu. 15 octobre 201515.10.15
20H00—22H00
Les Voûtes

Programmé et présenté par Angélica Cuevas Portilla

Une mémoire visuelle, le souvenir conscient et inconscient d’images vues et rêvées par un individu et une société où les personnages et les symboles apparaissent et disparaissent, nous laissant réminiscences de vies et amours de lieux … Certains films nous révèlent des regards fétichistes face à la culture populaire et d’autres nous offrent le croisement de regards intimes, des critiques sur l’oppression sociale et la pratique documentaire. Avec des films de Horacio Coppola & Walter Auerbach, Fernando de Szyszlo, Rubén Camez, Luis Ospina & Carlos Mayolo et Enrique Celina.

Traum
Horacio Coppola et Walter Auerbach
Argentine, Allemagne
1933
16 mm numérisé
2'20
Esta pared no es medianera
Pérou
1952
35 mm numérisé
9'30
Magueyes
Rubén Gámez
Mexique
1962
16 mm numérisé
9'
Chapucerías
Enrique Colina
Cuba
1987
35 mm numérisé
11'
Agarrando pueblo
Luís Ospina et Carlos Mayolo
Colombie
1978
16 mm numérisé
28'
La fórmula secreta
Rubén Gámez
Mexique
1965
35 mm numérisé
45'

Nous entendons par « interférence » une perturbation qui résulte d’une intervention. Cette intervention, dans le cas des oeuvres qui composent ce programme, peut être corporelle, plastique, politique, et peut porter sur un genre, un poème, ou une identité. Les films présentés ici rendent compte du puzzle qu’est l’Amérique latine, avec ses identités croisées et l’hybridation de sa culture. Une mémoire visuelle, le souvenir conscient et inconscient d’images vues et rêvées par un individu et une société.
Des univers emplis d’impressions urbaines et de mystérieux espaces où les personnages et symboles appararaissent et disparaissent, nous laissant entre réminisences de vies antérieures et amours de lieux… Certains films nous révèlent un regard fétichiste face à la culture populaire tandis que d’autres nous offrent un croisement entre regards intimes, critiques de l’opression sociale et pratique documentaire.
Par exemple, dans Traum (1933), on sent l’influence de Vormittagsspuk (1927-1928), l’oeuvre de Hans Richter que l’on sait fortement influencée par le mouvement surréaliste. Or Traum surprend par son propre langage visuel, qui présage d’une certaine manière travail emblématique de Maya Deren, Meshes of the Afternoon (1943). Vient ensuite Esta pared no es medianera de Fernando de Szyszlo, qui réactualise mythes et souvenirs à travers des rythmes et atmosphères tout droit sortis de l’imaginaire d’un Luis Buñuel, et en ayant pour thème la lassitude et l’agressivité d’un homme face à la routine conjugale. Magueyes, lui, aborde le thème de l’agave, la plante « sacrée », icône de la culture mexicaine. S.M Einsestein l’avait déjà utilisée dans ¡ Qué viva México ! pour représenter la culture aztèque. Ce très beau court-métrage pourrait être une version « végétale » d’Alexandre Nevski, où les plantes anthropomorphisées mènent une bataille au rythme du deuxième mouvement de la 11e symphonie de D. Shostakovich.
Pour finir, Chapucerías de Enrique Colina, Agarrando pueblo (Los vampiros de la miseria) de Luís Ospina et Carlos Mayolo et La Fórmula Secreta de Rubén Gámez, sont des oeuvres créées durant la rébellion culturelle et intellectuelle des années soixante, quand le cinéma devint un puissant outil de dénonciation et de combat politique. Pour les films réalisés durant cette période, les réalisateurs ont utilisé la parodie, l’humour, la performance, mélangées à une critique radicale ou une contre-information du discours politique officiel afin de dénoncer les réalités sociales de tout genre. Ils ont également dénoncé le fort voyeurisme misérabiliste qui touchait certains cinéastes étrangers exposant sans vergogne les dures réalités sociales de l’époque sans se soucier des enjeux internes.
Ces films se démarquent de la vision du cinéma officiel de leurs pays. Leurs gestes créateurs offrent une continuité à cette vision en intégrant une diversité de projets inspirés des avant-gardes et d’autres mouvements artistiques, et en relation étroite avec les diverses dimensions des iconographies propres à l’identité latino américaine. Celles-ci sont représentées très souvent à travers leurs discours artistiques à partir de différents niveaux, contextes et interprétations.

— Angélica Cuevas Portilla

Chargement