Diffusé dans [REPORTÉE EN SALLE] Compétition #7.
Synopsis
Minispectacles est une série de films d’une minute, des haïkus cinématographiques. La femme à la caméra de poche.
Texte du comité de sélection
Le film est construit comme un haïku, ce genre de poème japonais dont la tradition remonterait au XVIIe siècle, caractérisé par la brièveté. Les haïkus étaient généralement destinés à évoquer l’action inéluctable du temps sur les choses, sorte de vanité si l’on veut. Composés de trois vers, leur remarquable puissance dans le laconisme inspira à Sergeï Eisenstein des réflexions très fertiles sur le montage cinématographique, les relations entre les parties et le tout, le visualisé et le mentalisé, etc. Ici, la dimension mécanique de la formule se manifeste par l’équivalence des durées des trois segments, mais surtout la répétition de la même formule musicale évoquant une incantation bouddhiste. Sur les images nocturnes de la sublime façade néogothique du Parlement hongrois, elle invite à une méditation sur la grandeur des réalisations culturelles, ensuite, elle illustre la tension universelle du jeu des puissances et des pouvoirs et puis, en Suisse, la tranquillité débonnaire d’une charmante cité sans histoire. Et peut-être que c’est dans la tête plongée sous l’eau de ce cygne blanc immaculé que résonne cette incantation, absolument indifférente aux vanités humaines. C’est vrai que qui est grand et élevé n’est pas ce qui est ostensiblement le plus grand et le plus élevé.
– F.T.
Quel est le point de départ de votre film ?
Il y a quelques points clés. Tout d’abord, mon observation visuelle de l’environnement, et sa mise en perspective avec mon expérience culturelle et politique de l’espace public d’Europe de l’Est et de l’Ouest. J’ai procédé au mastering lors du mixage et du réajustement de la voix avec le chœur. J’ai tourné les séquences séparément et indépendamment, sans script ni plan, carpe diem, en expérimentant de manière curieuse, ludique et sérieuse.
L’association de tous ces matériaux est le stimulus du montage. Je voulais également expérimenter la répétition comme une approche pratique et minimaliste de recyclage. Il y a la même piste audio principale dans chacun des trois morceaux. J’essaie de produire ces Minispectacles avec une empreinte carbone minimale. Pourquoi créer toujours du nouveau tout le temps, pourquoi masteriser ? Est-ce nécessaire ? Est-ce de la vanité ? Est-ce de l’art toxique ?
Qu’est-ce que tu entends par “haîkus cinématographique” ?
Minispectacles est une série de films d’une minute, des haïkus cinématographiques.
Minispectacles désaccordés font la ronde avec les sons
en Hongrie et en Suisse.
Jusqu’au long métrage de 100 minutes.
Une femme avec une caméra de poche.
Quand on me demande quand je vais faire mon long-métrage, je réponds minute par minute. Je vais créer cent Minispectacles en tout afin d’avoir un long-métrage de 100 minutes en main. J’en suis à la moitié maintenant ! J’ai terminé le documentaire de 52 minutes. La liste des “pays de coproduction” est assez impressionnante : Bosnie-Herzégovine, Canada, Égypte, Finlande, France, Hongrie, États-Unis, Norvège, Royaume-Uni et Suisse. Il y a de nouveaux Minispectacles qui viennent de loin comme Buenos Aires, Oakland et Mars, mais aussi du voisinage et de la famille.
J’appelle mes films des comédies et des documentaires expérimentaux. J’aime mettre les choses sur le plan d’une perception et d’une connexion par l’absurde. C’est surtout la façon dont mon subconscient, mon sens de l’humour et mon esprit fonctionnent dans le processus. J’essaie d’échapper à l’industrie du cinéma en étant seule, une caméra de poche et une pure observation. Si une chose est stimulante ou dérangeante, touchante ou surprenante, je la filme.
Je ne me déplace plus dans les festivals, les expositions et les résidences pour créer, filmer ou commercialiser de l’art. Les œuvres peuvent voyager. En travaillant à distance, vous économisez de multiples ressources. J’essaie de travailler de manière aussi immatérielle et autonome que possible. Par exemple, j’utilise des images trouvées dans mes vastes archives de Minispectacles. Je réutilise, réédite et recycle le matériel de mes travaux précédents. Je réutilise la même image et le même son à l’intérieur des films. Je ne ferai même que des coupes franches en signe d’économie des ressources personnelles et naturelles !
Les Minispectacles sont une forme d’inspiration pour expérimenter le cinéma.
Dans mon esprit, le dernier Minispectacle 100/100 est la plus petite œuvre. Le film le plus écologique n’est pas un film, pas d’ego.
Répéter - réutiliser - recycler - rejouer - se détendre. Pas de consommation.
Restez dans la tabula rasa avec une toile vide pour que votre esprit puisse s’émerveiller et vagabonder. L’imagination est libre ?
L’imagination est libre.
L’imagination est libre !
Quelle était votre caméra ?
Depuis 2005, je filme les Minispectacles avec des appareils photo de poche et des smartphones durant mes voyages avec mes œuvres. Je suis paresseuse pour transporter des trucs et du matériel, donc le smartphone est pragmatique et littéralement pratique. Cependant, les décisions et les responsabilités d’un scénariste, d’un directeur de la photographie, d’un réalisateur, d’un preneur de son, d’un monteur et d’un producteur doivent être prises sur place. La qualité du smartphone est bonne de l’écran à la toile. Je travaille toujours sur la post-production de l’image et du son avec un concepteur sonore et un coloriste.
Combien de temps vous a pris l’élaboration de votre film ?
En 2017, je filmais en Hongrie quand j’ai participé à une exposition. En 2016, j’étais en résidence pendant cinq mois en Suisse. Les expériences audio et de chant ont commencé en 2018 lorsque j’ai rejoint la chorale. Le film s’est achevé juste au moment où la covid-19 a commencé. Le processus de montage a été intensif, du moins par rapport à la conception de l’image. Les tournages ont été longs (2016-2020), mais les films sont courts (3x1min). La projection à Paris sera la première mondiale. Merci beaucoup. Je suis très heureuse de partager ce moment avec vous en ligne.