Diffusé dans Compétition #4.
Synopsis
Entre 1968 et 1969, Maurizio Sacripanti conçoit un pavillon pour l’Expo ‘70 d’Osaka. L’intention était de représenter l’Italie dans une exposition universelle à travers une architecture physiquement en mouvement, symbole d’un pays qui bouge. Ce projet non réalisé, qui n’existe que sur papier, est le témoignage d’une période historique unique dans le milieu architectural romain.
Documentation
Dans 69, par le biais du montage et de l’utilisation du found footage, tu façonnes et assembles des mouvements qui auraient pu être ceux imaginés, de manière utopique, par Maurizio Sacripanti pour son projet de pavillon architectural pour l’Expo 70. A quoi ressemblent ces mouvements pour toi ? Peux-tu les décrire et nous en dire plus sur le projet de Sacripanti ?
Avec 69, je voulais construire un mouvement en trois étapes. Une visite tourbillonnante de la ville de Rome ouvre le premier acte de ce mouvement, mais en fait nous sommes déjà à l’intérieur du pavillon. L’étape suivante se déroule dans le dernier plan de la Piazza del Popolo, où Sacripanti avait son studio dans ces années-là. Puis la verticalité donnée par un mouvement mécanique et enfin l’attaque du ciel, où l’ingénierie moderne, composée de cylindres pneumatiques et de cartes de programmation, cède la place à l’abstraction géométrique d’Achille Perilli.
Ce film n’est pas seulement une interprétation, par le biais d’images en mouvement, d’un projet inachevé de Sacripanti, mais il se veut également un hommage à une génération d’architectes d’avant-garde importante pour vous, dont tu as abordé le travail dans vos autres films. Il me semble que l’hommage, l’affinité, est évident dans le choix de la bande-son de 69, un cœur qui bat…
Le projet pour Osaka 70, avec ses mouvements et son volume variable, est l’image parfaite d’un grand cœur artificiel. Un symbole tout aussi parfait pour l’Italie de ces années-là, malheureusement resté sur le papier mais toujours étudié aujourd’hui avec d’autres architectures sacripantiennes. Le son rend hommage aux années 1960, à Mario Schifano (il y a une référence évidente à son film Umano non umano) et à Rome avec ses lieux de rencontre comme le Caffè Rosati, également sur la Piazza del Popolo. L’œuvre de Sacripanti s’inscrit dans le cadre d’une étude approfondie que je mène depuis quelque temps sur un certain nombre d’architectes du siècle dernier. En même temps, je crois qu’il est important de suivre des réalités plus petites, actuelles et moins connues, mais dignes d’attention ne serait-ce que pour leur courage dans l’introduction d’un langage contemporain dans des contextes souvent éloignés du débat culturel.
Une caractéristique constante de tes films est le travail de synthèse temporelle, qui t’amène à créer des œuvres très courtes, souvent inférieures à une minute. Peux-tu nous dire comment tu es arrivé à une utilisation aussi radicale de la durée ?
Je pense que l’utilisation d’une durée aussi courte est la conséquence d’une réflexion personnelle sur le fragment et le détail. Certains de mes films sont le fruit de relations très brèves avec des personnes, des lieux et des objets. Je suis intéressé par le transfert de l’intensité de cette rencontre, par la distinction de plusieurs phases de ce moment et par celles qui peuvent mieux définir la valeur absolue d’une relation, le cas échéant.