Si faire du cinéma, en voir, en donner à voir, ou écrire autour, à partir de, c’est toujours une affaire de geste, ce geste, ce mouvement infini, investi d’affects indicibles, on en oublie presque les origines, on en goûte plutôt les déploiements successifs, les croisements simultanés qui le parcourent et l’animent, ce geste, il nous concerne donc, ne cesse de concerner autour de lui : il engendre des relations.
Vers ces relations, vers ces lieux de partage possibles, et prêts alors à la rencontre, à l’écoute, à l’équivoque aussi, nous nous sommes rendus. Attardés sur quelques pages, nous nous sommes mis à vouloir rendre compte de cela, de ce que nous sommes dans cette adresse sans cesse renouvelée, adressée de nouveau, reconnue et aussitôt perdue, qui nous maintient vivants. Jamais eue, à vrai dire, l’adresse, jamais certaine : elle n’a pu être que brièvement tenue, dans l’élan toujours mobile et nous dépassant, nous amenant plus loin de nous-même.
Ci-après, donc, quelques traces de ces bals, de ces tourbillons de sens adressés et accueillis, réorientés, par les chemins qui sont propres au cinéma et ici, dans cet espace par lui provoqué, à l’écriture : une lecture d’un film-ofrande, des pensées attentives au faire de l’adresse et à ses conséquences, la voix d’un film donnée à lire, les phrases ou les poèmes depuis la place de celle ou de celui qui regarde, ou encore des fragments de journaux intimes, de carnets de route, de textes adressés ou répondant à une adresse… Autant de manières de continuer à habiter ces mondes, portés par les films, où nos dires se mêlent, nous dépossèdent, ouvrent des voies nouvelles où nous serons, par d’autres, encore trouvés.
Violeta Salvatierra