Soirée de clôture : Les scotcheuses - projection, ciné-concert et boum acoustique

Focus n°13

Sun 18 October 201518.10.15
21H00—23H00
Les Voûtes

Programmed and presented by Théo Deliyannis

The closing evening will be dedicated to Les Scotcheuses, a non-hierarchical collective making Super 8 films, the last two of which were shot at the Notre-Dame-des-Landes ZAD. The aim is not to describe this occupied zone, but rather to feel and experience it. Shot like “post-political” westerns, the films are plotless fictions of fantastic bicycle rides, chases and pyrotechnic effects… Screening, ciné-concert and acoustic party by the collective.

No Ouestern
Les Scotcheuses
France
2015
Super 8
27'
Sème ton western
Les Scotcheuses
France
2014
Super 8
25'

Pour cette soirée, nous avons proposé aux Scotcheuses de projeter leurs deux derniers films réalisés au sein de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Au-delà de l’importance de rendre compte de certaines luttes, nous avons aussi la volonté d’illustrer, littéralement, le Collectif Jeune Cinéma : les Scotcheuses sont un des rares collectifs à fonctionner vraiment collectivement (et surtout à réfléchir leur collectivité) ; elles sont jeunes (et si il y a des plus vieux parmi elles, ils sont aussi jeunes, leurs films en sont la preuve vivante) ; et elles font du cinéma (qui plus est, libre, poétique, et enfantin). Car certains films peuvent se contenter des seuls détails fournis par ceux qui étaient là lors de leur fabrication, nous vous livrons ici quelques extraits du livret accompagnant le DVD réunissant les deux films.

— Théo Deliyannis

Les Scotcheuses tournent à la ZAD

On pourrait pas tout raconter sur le comment on est arrivés là mais ça trottait dans la tête de pas mal d’entre nous d’aller faire un film à la ZAD ; celle qui s’étale entre Vigneux de Bretagne, Notre-Damedes- Landes et la Paquelais. On connaissait toutes plus ou moins les lieux, les habitantes. Y’en a qui avaient déjà fait plein de films, d’autres pas du tout ou un peu. Y’en a qui étaient des Scotcheuses de plus longue date et puis des qui venaient rejoindre cette envie de faire ensemble et certains qui disaient que les Scotcheuses de toutes façons ça n’existe pas. C’est que ce collectif il a bougé et il est toujours mouvant, plus ou moins gros, avec quand même un noyau de gens qui est un peu toujours là.
Enfin.
On est arrivés à la Châtaigne avec nos caisses remplies de caisses et nos têtes pleines d’ailleurs différents. On a mangé mieux que des rois. Avec la caméra Super 8 on a appris à filmer, avec les zooms on a attrapé des sons, dans la boue et la poussière, on a développé et monté (avec les scotcheuses qui sont des petites machines pour couper et scotcher la pellicule). Après on a parlé à plein de voix en essayant de s’écouter parfois, on avait plein d’idées, on voulait faire un western. Il y eu beaucoup de fêtes, des vagues houleuses, de grandes bouffes, des rires aussi, plein de rencontres. On a fait un premier film avec tous les petits bouts fabriqués par chacune qu’on a monté à la main. Et puis on l’a montré.
Et comme c’était chouette on est revenus en juillet avec l’envie d’écrire un film qui serait un peu autrement construit, avec un fil dessiné. On avait rencontré les gens avant et c’était rudement bien parce qu’on a eu pas mal de discussions avec elles et eux sur ce qu’ils avaient aimés dans le premier film et sur ce qu’ils aimeraient que le prochain dise. On s’est posé ensemble la question sur le comment et le quoi raconter de la ZAD. On ne voulait pas faire un documentaire. On voulait être là et fabriquer de l’ailleurs qui parle du là. Un truc comme ça. On s’est retrouvés plusieurs fois dans la ZAD pour écrire. En septembre on a encore écrit, dessiné, imaginé et en octobre on a tourné le film. On voulait que plein de gens puissent venir jouer alors ça a demandé pas mal d’organisation. Ça, ça a vraiment bien marché, les gens sont venus, qui donnaient des coups de main. Des équipes tournaient, la bouffe, les costumes, celleux (sic) qui préparaient les plans du lendemain, qui filmaient, qui prenaient le son… C’était intense.
On a fêté les Culs de plomb aussi. Et puis on s’est retrouvés au mois de janvier pour monter le film et là on est déjà en mars et on finit le montage dans un autre endroit. Y’en a qui vont faire les dernières prises de sons dehors, y’en a qui fabriquent le livret, y’en a qui font du doublage, y’en a qui sont au banc de montage, y’en a qui arrivent, y’en a qui s’en vont… »

— Les Scotcheuses

Collectif & Pellicule (ou "pourquoi filmer avec une caméra Super 8 quand on fait un film en collectif")

La pellicule, c’est rare, cher et ça demande des savoir-faire techniques spécifiques. On n’a pas beaucoup de matière (= temps pour filmer) et il faut attendre le développement pour voir ce qu’on a fait… ET POURTANT :

1
Ne pas avoir beaucoup de matière oblige à réfléchir en secondes et en minutes (plutôt qu’en heures) dès avant le tournage, et donc de faire le tri consentent, à voix haute, entre ce qui est important et ce qui ne l’est pas, entre ce qu’on veut dire / montrer et ce qui nous passe par la tête, etc. Cela implique une sobriété au tournage, et donc de se mettre d’accord / de faire des choix avant de commencer à filmer.

2
Ces décisions se font collectivement (tous ensemble ou en groupe de travail) car la rareté de la pellicule contraint à ne pas commencer à tourner sans découpage (cahier des charges pour fabriquer une séquence), ni à tourner des brouillons, des essais tout seul dans son coin, en mettant les autres devant le fait accompli (« C’est déjà fait, pourquoi le refaire ? ») : on réfléchit à plusieurs à la transformation du scénario en plan de travail.

3
À cela s’ajoute le besoin de répéter. Car on n’a le droit qu’à une ou deux prises (et plus souvent une seule !). Répétitions, qui permettent à chacun-e de s’approprier le déroulé de la scène avant la mise en boîte.

4
Tout cela / Toutes ces contraintes font que l’on hérite de rushes (= ce qu’on a filmé) à la fois riches et denses, qui contiennent toute la réflexion et les décisions du tournage et vont permettre de ne pas se perdre à l’étape suivante : le montage !

— Les Scotcheuses

Loading