75005 Paris
Séance faisant partie du Festival des Cinémas Différents et Expérimentaux de Paris.
Introduction par Maxime Jean-Baptiste.
Discussion post-projection entre Mawena Yehoussi et Eden Tinto Collins.
Un dialogue entre deux cinéastes afrodescendantes, de générations et diasporas différentes, qui au travers de leurs films, abordent la question de la race et du genre de manière frontale, politique et puissante.
Qu’elle passe par l’image, le langage et la métaphore, notre représentation faite par nous est pour nous. Notre représentation, c’est notre façon d’organiser notre imaginaire et inversement.
De se retrouver à tout juste (sur)vivre, à travers les rôles et récits de ceux et celles qui ne portaient pas en leurs existences notre expérience, était le film d’horreur le plus long, le plus épouvantable et douloureux qu’il nous ait été donné de voir et même de réaliser.
L’impossible, était-ce l’impossible qui avait eu lieu ?
Mais, qu’avait-il fait de nous?
De notre représentation, de nos imaginaires, en quête de sens?
Parce qu’elle découle d’une nécessité, d’un acte existentiel, d’un état d’urgence induit par la forme et la force expansive même de cette quête, de sens, d’essence, ou d’ancrage, oui, elle s’épanche, elle fait oeuvre, elle est même la preuve d’un « savoir-faire » résistant, d’un art appliqué.
Expl/orateurice ?
Voguant à la recherche d’un horizon peuplé, loin du béton, pas exotique, notre maison, ses expressions familières qui nous rappellent ce que l’on à en commun, une plaie vive, une source fluide.
®haleur.euse.s ?
Nous et nos images, ne sommes-nous pas en droit de nous appartenir?
Si Lascar est légion, Bâtard est chimère, corps noir est manufacture, barbare est à la mode et scande avec ou sans autotune sa démarche…rétroactive, speculative, orientée.
La première fois qu’on s’en est allé.e faire son retour au pays natal des parent.e.s, une femme en rose nous était apparue au temple, évangélique et comme une épine, elle qui semblait comprendre ce qui nous menait ici mieux que nous, notre histoire, notre sang lié, notre rage d’avoir oublié, de ne pas comprendre, de ne pas savoir, de ne pas pouvoir complètement parler la même langue, elle nous avait pris les mains et nous avait dit à moitié en anglais une phrase qui certainement aura fait défaut à notre mémoire mais dont il restait ceci :
”You are not a bastard anymore”…!”1
“La beauté du geste”, ça pique, et ça crée un effet moteur… sacré.
Parce que certain.e.s y voit une menace, un présage, obscure, nous ça nous dépasse, alors en bande, même naturalisé.e.s, anesthésié.e.s sous mantras de musique de motivation, Skaï, Kush, ou “mythologies” cultu(r)elles, on est heureux.ses que ces projections se concentrent un peu sur “nous autres”.
“On avait été inventé par le/s (regard) Blanc(s) et on savait déjà assez de choses à propos de la vie pour comprendre que lorsqu’on invente quelque chose, lorsqu’on projette quelque chose, c’est en réalité soi-même qu’on invente, qu’on projette (…) Et nous mettons là le doigt sur la crise en question.” (James Baldwin, Retour dans l’œil du cyclone)2
Eden Tinto Collins
“Tu n’es plus un.e bâtard.e maintenant…!”
Le “on” remplace un “je” dans la citation originale.