notes sur ours blancs
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brouillon d’écriture collective, tourner pour amorcer un dialogue à distance autour de nos visions disjointes de ces termes balances des blancs,
ours blancs c’est
des hasards audio-visuels, vide, improvisation, lâcher prise, brouillon ou amorcemoment de bonheur, recherche de lumière ou simple visite de mon appartement quelques jours en été… un désir de communauté, de fusion avec l’univers, la lumière, la nature. Prendre le temps et le donner.
des bribes de mon quotidien estival, en création.
l’éloge, le temps des maladresses, de l’incontrôlé, du hasard-autodérision, la place à l’ennui, comme espace de créativité, au râté, à l’erreur.
des réflexions
cet ours blancs pluriels est une invitation faite à des amis cinéastes, ingénieurs du son, cinéphiles, à donner leur propre vision, leur balance des blancs.
partager l’ennui pour faire apparaître la sensation du soleil sur la peau, la douceur du soir, le plaisir de l’espoir ours blancs c’est du temps archéologique qui sèche au soleil, un journal-filmé d’une création collective désirée, à venir.
Mais Balance des blancs1, que sera ce film ? Un blanc multiple composé de toutes vos couleurs ? Un film incontrôlé qui se fait en se faisant…
En montant cet ours, ce premier jet, c’est tous les espacements, les blancs, les longueurs, la place de l’ennui enfin faite, qui m’attiraient. Je décidai alors de les souligner, de monter un ours blanc et long qui laisserait la place aux erreurs, aux trous, à l’ennui.
Ayant éprouvé souvent et en août 2009 en particulier que l’ennui et le repos, si rares, sont des grandes sources de créativité pour moi, je décide de les laisser apparaître.
Ainsi, malgré moi d’abord, je substitue à l’écriture de mon projet de documentaire expérimental Balances des blancs, un film-journal qui défila au fur et à mesure des jours entre le 11 et le 17 août 2009. Ici, l’acte d’écrire est remplacé par ma danse devant le miroir, par une écriture du corps aléatoire selon les musiques ou voix qui traversent le salon depuis les enceintes de la chaîne hi-fi à ce moment-là.
J’improvise ce qui vient devant la caméra simplement posée à ras-le-sol.
en écho au ras-le-bol.
Assez d’être assise sur une chaise seule devant un ordinateur pour nourrir la page blanche de signes noirs si petits et dessiner ainsi un dossier qui atterrira plus tard dans les rayons des institutions, pour une demande de subvention.
Sensation d’exploser calmée par les gestes libérés. Virevoltes sans intérêt esthétique autre que libératoire.
Puis je peux revenir essoufflée mais heureuse derrière mon ordinateur. Ce ne sont plus des mots à inscrire mes les images que je décidais alors d’enregistrer, de mettre bout à bout au jour le jour.
Je redeviens bouillon figé.
Je m’intéresse à l’aléatoire en jeu dans ce processus de création inattendu. Mon montage finit par jouer avec les hasards et les rouages rouillés de la machine-corps-ordinateurs, elle devient caméra elle aussi, aile aussi. Eye shot, fonction I shot.
Tout s’abîme.
Ours blancs devient un computeur, une compilation de vides, d’attente, de ce qui vient, spontanément. Un hymne implicite à l’amateurisme déclamé bientôt, je décide.
Car je ne sais pas où je vais, j’étais là pour écrire.
Il n’y a pas de cadre, il n’y a personne derrière le cadre.
La caméra est posée sur une étagère ou sur un tatami dans la camera, dans la chambre. L’œil qui tue est posé sur la table. On peut visiter mon salon à travers le miroir, ma salle de bain plus tard.
Cette nullité m’intéresse comme épreuve.
Épreuve de solitude aussi.
Épreuve avant le film.
Épreuve qui accueille ce qui vient et lui cède la place bientôt : j’entends à la radio le « désir d’une communauté », il est mien, je me regarde dedans.
Désir d’une communauté, d’une famille, d’un simple film fait à plusieurs. Sans les murs du salon.
Désir de faire un film relié, de faire un film avec, ensemble, en gardant les possibles contenus dans l’aléatoire.
Puis, ça tourne au cadavre exquis. L’ours blancs devenu pré-texte à ce projet qui se déroule en autopromotion comme une correspondance ouverte sur une proposition nominale annoncée : balance des blancs.
Pour moi, il s’agit aussi d’interroger la fragile frontière entre le cinématographe et la danse ou la chorégraphie.
J’ai posé la caméra pour danser. Je troque l’écriture pour le mouvement. Mais pourtant, kine signifie mouvement, choré est le corps, de la danse ?
Je ne suis pas en chorée… et pourtant irrépréssible estma chorégraphie. L’écriture de mon corps.
Où sommes-nous dans la balance des blancs ?
L’ours exhume le passage du film sur pellicule à la vidéo en numéros : je fais des tours, je danse tour à tour. Les trois mots balancent des blancs, trouvent des échos dans les rencontres quotidiennes, parfois artistiques, une oeuvre signale sa présence parmi nos préoccupations cinématographiques ou chorégraphiques.
La balance serait alors l’équilibre à trouver entre corps et film, corps et vidéo, un travail pur sur le mouvement de l’écriture. La chorécinématographie en question…
Carole Contant