Historique du Festival des Cinémas Différents de Paris

par Jean-Marc Manach

Au début des années 1990, quatre étudiants en cinéma de Paris VIII (Denis Chevalier, Emmanuel Dreux, Jean Marc Manach & Pierre Emmanuel Sorlin) décident de créer une nouvelle revue de cinémas, L’Armateur. Cinémas, au pluriel, parce que nos centres d’intérêt allaient du cinéma expérimental à l’art vidéo, en passant par les cinéma bis, & burlesque (& classique), et donc forcément «différents», parce que la doxa s’intéressait alors au seul cinéma d’«auteur».

L’Armateur dura de 1991 à 1994, et nous permit entre autres de (re) prendre contact avec des «acteurs» (cinéastes ou diffuseurs) qui n’avaient peu ou plus droit au chapitre. Ma rencontre avec Marcel Mazé me permit ainsi de revisiter l’histoire de ces cinémas dits «différents», et de la première coopérative de diffusion du genre (le Collectif Jeune Cinéma), qu’il avait créée suite à sa rencontre avec Jonas Mekas, et qui était depuis passée sous silence, alors même qu’elle avait été pionnière en la matière, et qu’elle voulait initialement diffuser «tous» les cinéastes «différents».

D’où l’idée de créer «D’un Cinéma l’Autre» (DCA), qui visait à projeter des films (et vidéos) contemporains & d’hier témoignant de la diversité des «arts de l’écran» (cinéma et/ou vidéo). L’association DCA organisa nombre de soirées, et quelques nuits, truffées de films et vidéos qui m’incitèrent à créer 101, un mensuel (gratuit, et tiré à 10 000 exemplaires) consacré à tous ces arts de l’écran, qui comprenait entre autres un agenda de toutes les projections de films ou vidéos que je pouvais recenser, en complément de l’agenda que je tenais à l’époque pour Nova Magazine. 101 me prenant beaucoup de temps, je dus m’éloigner de DCA, et donc de ce qui allait déboucher sur la relance du CJC.

Aujourd’hui, le CJC (nouvelle génération) fête ses 10 ans. Il a, en fait, plus de 30 ans. Le CJC fut le premier, en France, à oeuvrer pour la diffusion de films différents, indépendants et expérimentaux. D’autres collectifs, et coopératives, ont entre-temps tenté de reprendre le flambeau. Ils ont fait florès, en creusant leur trou, et grand bien leur fasse. Mais le CJC est l’un des seuls (hélas) à être resté «scotché» à cette notion de «différence», qu’elle se présente sous forme de film, de vidéo ou de création «multimédia».

 

Jean-Marc Manach

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