Phrases inspirées par
Hunting Visions, To Look For Real,
My Memory (Part I & II), Faire Corps
et L’autre naissance de Raphaël Soatto
ce sont peaux qui se retiennent dans la matière / peaux / minces / formes du monde / continuités se faisant / avec l’écorce terrestre / cette écorce / épaisse / et enfin la toile / et enfin les couches de peinture sur la toile sédimentées / c’est sur peau que l’image advient et revient sans cesse / et le monde est cet envers sans revers dont nous avons la garde / peaux / c’est le visage d’une jeune fille / de trois quart / tête légèrement inclinée / et s’il faut se tourner vers le ciel / pour que le monde / le monde sur nos peaux / à son tour se sédimente / c’est le visage cette peau / où l’image après avoir tremblé / légèrement / comme image se pose / pour se perdre à nouveau / enfouie / enfuie / chue / sous telle peau / peaux ce sont les visages / assemblés / agrémentés / qui se superposent sans pourtant se durcir / comme écorce terrestre / qui n’est fragile / jamais assez / cette superposition / c’est la peau qui est un lieu / tenant la profondeur / pour chose qui vient / à portée de main / comme un visage / à toutes caresses / exposé / rendu / peaux se posent / sur tous supports / et fenêtre et porte et couloir et cage d’escalier / tout écran par où voyage telle peau / et telle autre / tout un monde se presse / s’articule / entre rides si proches / si proches / approchées / jamais assez / comme cette main posée sur un sein / et nous sommes noirs de monde / et ce monde est à fleur de peau / il se presse, il se rencontre, entre rides / nous sommes noirs de monde / et c’est tout un monde que nos peaux affichent / un monde qui a besoin de toutes peaux pour trouver contenance / cette densité qu’elles proposent / les peaux / sans jamais trahir rien de leur fragilité / pellicule mince au delà de laquelle l’image perd les contours du corps / et dans le monde se dilate / et dans le monde disparait / finalement peaux / sans lesquelles nul édifice ne saurait tenir droit / ni aucun jour se lever / ni aucune nuit tomber / ni aucune lumière rejaillir / peaux où faire corps s’entreprend / et mémoire se creuse / aux heures inquiètes de voir comme elle remue / la nuit / davantage / davantage /
Rodolphe Olcèse