Les origines de Reflektorische Farblichtspiele remontent à la Fête des lanternes avec théâtres d‘ombres que Schwerdtfeger avait organisée au Bauhaus en 1922 et qui marqua le début d’une série de spectacles et de projections de lumière. Après la guerre il reconstitua ses partitions en cinq phrases : Vegetative Form, Bauhaus 1922, Streifen und Gitter, Rotes Quadrat et Hommage à Schlemmer.
Flächen, perpelleristisch montre deux surfaces trapézoïdales en rotation rapide sur fond noir, provoquant l’effet d’une image rémanente sur la rétine. Dans l’animation Ente une surface blanche se fissure et dévoile le dessin d’une bouteille se transformant en canard. Dans Näherin des figures formées par des ciseaux, des boutons et des fils blancs mis en mouvement sur fond noir, se livrent des combats, se décomposent et se créent à nouveau. Werner Graeff, jeune élève de Van Doesburg au Bauhaus, signe en 1922 ses propres partitions avec des formes abstraites qui ne furent réalisées en tant que films que dans la période d’après-guerre : Komposition I œuvrant avec des carrés colorés et Komposition II en noir et blanc. Le jeune Kurt Kranz fit ses études de 1930 à 1933 sous l’égide de Klee, Kandinsky, Joost Schmidt et Walter Peterhans, ce qui lui permit de développer toute une série de propositions filmiques à partir de motifs abstraits qu’il ne réalisa qu’en 1972, une fois prise sa retraite de professeur d’art à Hambourg. Dans Schwarz : Weiß / Weiß : Schwarz des cercles blancs se frayent un chemin verticalement dans un champ noir, traçant dans leur sillon de larges barres blanches, jusqu’au moment où émergent de façon inattendue des cônes noirs et blancs qui perturbent l’ordre vertical.
Der heroische Pfeil. ayant une flèche pour héros, ce film possède un caractère explicitement anecdotique, parlant du franchissement et de la résistance – sans et avec satellite – face à toute sorte d’obstacles. Dans Ein Lichtspiel schwarz-weiß-grau de László Moholy-Nagy, professeur du Bauhaus, des objets métalliques, scintillants et perforés, sont mis en mouvement – parfois superposés – dans la lumière et dans l’ombre, créant ainsi un poème lumineux. Plus de 100 ampoules se mettent à briller suivant un rythme prédéfini et projettent de la lumière à l’aide d’un mur perforé, de grilles, de bâtons façonnés et de disques. Son reportage Berliner Stilleben documente en revanche de façon impitoyable, mais avec rigueur formelle, la misère des quartiers ouvriers de Berlin.
— Thomas Tode