On pourrait pas tout raconter sur le comment on est arrivés là mais ça trottait dans la tête de pas mal d’entre nous d’aller faire un film à la ZAD ; celle qui s’étale entre Vigneux de Bretagne, Notre-Damedes- Landes et la Paquelais. On connaissait toutes plus ou moins les lieux, les habitantes. Y’en a qui avaient déjà fait plein de films, d’autres pas du tout ou un peu. Y’en a qui étaient des Scotcheuses de plus longue date et puis des qui venaient rejoindre cette envie de faire ensemble et certains qui disaient que les Scotcheuses de toutes façons ça n’existe pas. C’est que ce collectif il a bougé et il est toujours mouvant, plus ou moins gros, avec quand même un noyau de gens qui est un peu toujours là.
Enfin.
On est arrivés à la Châtaigne avec nos caisses remplies de caisses et nos têtes pleines d’ailleurs différents. On a mangé mieux que des rois. Avec la caméra Super 8 on a appris à filmer, avec les zooms on a attrapé des sons, dans la boue et la poussière, on a développé et monté (avec les scotcheuses qui sont des petites machines pour couper et scotcher la pellicule). Après on a parlé à plein de voix en essayant de s’écouter parfois, on avait plein d’idées, on voulait faire un western. Il y eu beaucoup de fêtes, des vagues houleuses, de grandes bouffes, des rires aussi, plein de rencontres. On a fait un premier film avec tous les petits bouts fabriqués par chacune qu’on a monté à la main. Et puis on l’a montré.
Et comme c’était chouette on est revenus en juillet avec l’envie d’écrire un film qui serait un peu autrement construit, avec un fil dessiné. On avait rencontré les gens avant et c’était rudement bien parce qu’on a eu pas mal de discussions avec elles et eux sur ce qu’ils avaient aimés dans le premier film et sur ce qu’ils aimeraient que le prochain dise. On s’est posé ensemble la question sur le comment et le quoi raconter de la ZAD. On ne voulait pas faire un documentaire. On voulait être là et fabriquer de l’ailleurs qui parle du là. Un truc comme ça. On s’est retrouvés plusieurs fois dans la ZAD pour écrire. En septembre on a encore écrit, dessiné, imaginé et en octobre on a tourné le film. On voulait que plein de gens puissent venir jouer alors ça a demandé pas mal d’organisation. Ça, ça a vraiment bien marché, les gens sont venus, qui donnaient des coups de main. Des équipes tournaient, la bouffe, les costumes, celleux (sic) qui préparaient les plans du lendemain, qui filmaient, qui prenaient le son… C’était intense.
On a fêté les Culs de plomb aussi. Et puis on s’est retrouvés au mois de janvier pour monter le film et là on est déjà en mars et on finit le montage dans un autre endroit. Y’en a qui vont faire les dernières prises de sons dehors, y’en a qui fabriquent le livret, y’en a qui font du doublage, y’en a qui sont au banc de montage, y’en a qui arrivent, y’en a qui s’en vont… »
— Les Scotcheuses