Fils illégitime de Georges Méliès et de Luc Moullet, Michel Constantial alias Micon fut un personnage atypique dans le milieu du cinéma d’amateur. Donnant dans le pastiche comme dans le film historique, il réalisa des méta-films « tournés comme en 1900 » (Micon fait du cinéma) aussi bien que des clips musicaux cosmico-futuristes avec force incrustations et effets spéciaux (En l’An 2000 c’est la fête).
Commençant par tourner en 9,5 mm à la fin des années 1960, il passa rapidement au 16, et se réjouit ensuite du passage à la vidéo ; il explora alors les possibilités de montage offertes par l’ordinateur, créa son site et mit en ligne l’ensemble de son œuvre. Son imaginaire débridé était truffé de références et de citations approximatives. Son style, tour à tour kitsch, érudit ou excentrique n’appartenait qu’à lui. Micon mélangeait le collage brut, le détournement par l’absurde et l’imagerie populaire avec un goût pour la vulgarisation scientifique et la reconstitution historique. S’intéressant à des domaines très variés, il adapta en dessin animé un sonnet de Shakespeare, tourna un documentaire sur le scientifique Louis Figuier ou mit en musique un texte de Charles d’Orléans. Chez lui, on passait naturellement des slogans politiques de Mai 68 à une reconstitution de la mort de Judas.
Micon faisait des « films souriants », comme il dit, naïfs et burlesques. Science-fiction, récit d’aventure, clip musical, documentaire scientifique, aucun domaine ne semble avoir échappé à son extravagance. Il reprenait les codes des professionnels avec un sérieux qui ne confina jamais au ridicule. On le découvrit avec un égal plaisir parodier le cinéma de genre, grimé en Ponce Pilate ou en astronaute lancé vers une planète inconnue. On apprécia encore, dans ses films plus récents, son savoir encyclopédique, ses envolées lyriques, ses ballades lubriques, son jeu de guitare acoustique. Sans rire : l’œuvre de Micon n’a pas fini d’être redécouverte.