L’Enfant qui a pissé des paillettes, a été réalisé en 1977 par deux jeunes femmes brillantes originaires de Grèce, installées à Paris en 1975. Elles ont acquis à l’université d’Athènes et à l’école des Beaux-Arts d’Athènes de solides bagages théoriques et pratiques en scénographie théâtrale, arts plastiques, littérature, esthétique et philosophie. C’est à Saint-Charles, où Maria Klonaris parachève ses études en Esthétiques et sciences de l’art, que le lien est établi avec le cinéma expérimental. Les deux jeunes femmes développent rapidement un dispositif créatif synthétisant leurs compétences en combinant art filmique, art de la scène et arts plastiques.
Contrairement à beaucoup des jeunes cinéastes qui étaient leurs contemporain.e.s, Maria Klonaris et Katerina Thomadaki construisent autour de leur travail artistique un discours aux enjeux esthétiques et politiques forts, structuré autour des notions de « dimension politique de l’identité féminine » et de « Cinéma corporel ». Avec constance et rectitude, elles n’ont jamais dérogé à leur discours, refusant d’être assimilées à cette École du corps qui n’existe pas, de cautionner les mécanismes pervers des jurys de festivals, prix et postures diverses faites pour séduire.
Dès 1976, Double labyrinthe, tourné en Super 8 inaugure une « Tétralogie corporelle » dont L’Enfant qui a pissé des paillettes constitue le second volet. Défini par ses auteures comme « action pour film, diapositives et textes » ou « film/action », puis plus tard « projection/performance » ou « performance de cinéma élargi », il combinait diapositives, projection Super 8 et interventions orales. Proposé une première fois au ciné-club Saint-Charles en mai 1977, le film est sélectionné à Hyères dans un contexte de vifs débats, Maria Klonaris et Katerina Thomadaki refusant le Prix spécial du jury qui leur est décerné par un jury composé de Raphaël Bassan, Dominique Noguez et Dominique Chateau. Le film a ensuite été beaucoup montré, jusqu’à la rétrospective Klonaris/Thomadaki 1975-85 organisée par la galerie J&J Donguy à Paris en 1985. Il n’a jamais été présenté ultérieurement.
Katerina Thomadaki, désormais seule, a accepté de faire revivre cette œuvre mythique en hommage à Maria Klonaris pour la soirée de clôture du festival à partir de supports numériques tirés du film Super 8 et des diapositives.
— Frédéric Tachou