Soirée de clôture - Klonaris / Thomadaki : L’Enfant qui a pissé des paillettes

Focus #15

dim. 17 octobre 202117.10.21
18H30—21H00
5 rue des Ecoles
75005 Paris
Réservation
Tarif
Tarif unique : 5€
Cartes UGC/MK2 et CIP acceptées

Programmé par Frédéric Tachou - Présenté par Katerina Thomadaki

Ce film-performance réalisé par Maria Klonaris et Katerina Thomadaki en 1977, est le second volet de la « Tétralogie corporelle», inaugurée en 1976 par Double Labyrinthe. Long métrage, conçu pour la multiprojection et l’apport d’images fixes projetées, les réalisatrices développent une esthétique du Super 8 et un engagement du corps dans une perspective politique. Prix spécial du jury au festival de Hyères en 1977, ce film n’a pas été présenté en public depuis 1985. Katerina Thomadaki le revisite aujourd’hui en hommage à Maria Klonaris, qui est à l’origine de ce projet. Elle en conçoit une nouvelle configuration technique «pour le réinscrire dans un présent enfin bouleversé par les politiques des corps et des genres».

L'Enfant qui a pissé des paillettes (nouvelle version 2021)
Maria Klonaris et Katerina Thomadaki
France
1977
Performance
~90'

Super 8 et diapositives 24x36 numérisés, textes en direct

Klonaris/Thomadaki - L'Enfant qui a pissé des paillettes

L’Enfant qui a pissé des paillettes, a été réalisé en 1977 par deux jeunes femmes brillantes originaires de Grèce, installées à Paris en 1975. Elles ont acquis à l’université d’Athènes et à l’école des Beaux-Arts d’Athènes de solides bagages théoriques et pratiques en scénographie théâtrale, arts plastiques, littérature, esthétique et philosophie. C’est à Saint-Charles, où Maria Klonaris parachève ses études en Esthétiques et sciences de l’art, que le lien est établi avec le cinéma expérimental. Les deux jeunes femmes développent rapidement un dispositif créatif synthétisant leurs compétences en combinant art filmique, art de la scène et arts plastiques.

Contrairement à beaucoup des jeunes cinéastes qui étaient leurs contemporain.e.s, Maria Klonaris et Katerina Thomadaki construisent autour de leur travail artistique un discours aux enjeux esthétiques et politiques forts, structuré autour des notions de « dimension politique de l’identité féminine » et de « Cinéma corporel ». Avec constance et rectitude, elles n’ont jamais dérogé à leur discours, refusant d’être assimilées à cette École du corps qui n’existe pas, de cautionner les mécanismes pervers des jurys de festivals, prix et postures diverses faites pour séduire.

Dès 1976, Double labyrinthe, tourné en Super 8 inaugure une « Tétralogie corporelle » dont L’Enfant qui a pissé des paillettes constitue le second volet. Défini par ses auteures comme « action pour film, diapositives et textes » ou « film/action », puis plus tard « projection/performance » ou « performance de cinéma élargi », il combinait diapositives, projection Super 8 et interventions orales. Proposé une première fois au ciné-club Saint-Charles en mai 1977, le film est sélectionné à Hyères dans un contexte de vifs débats, Maria Klonaris et Katerina Thomadaki refusant le Prix spécial du jury qui leur est décerné par un jury composé de Raphaël Bassan, Dominique Noguez et Dominique Chateau. Le film a ensuite été beaucoup montré, jusqu’à la rétrospective Klonaris/Thomadaki 1975-85 organisée par la galerie J&J Donguy à Paris en 1985. Il n’a jamais été présenté ultérieurement.

Katerina Thomadaki, désormais seule, a accepté de faire revivre cette œuvre mythique en hommage à Maria Klonaris pour la soirée de clôture du festival à partir de supports numériques tirés du film Super 8 et des diapositives.

— Frédéric Tachou

L'Enfant qui a pissé des paillettes — Résurgence - En hommage à Maria Klonaris

Avec Double Labyrinthe (1975-76), notre premier film réalisé à Paris, nous mettons en place ce que nous avons appelé le Cinéma corporel. C’est par ce film performatif cosigné que nous rencontrons, en Italie d’abord, le mouvement des femmes. Une rencontre qui enflamme la politisation déjà consciente de nos corps et rend palpable celle de nos procédés de création (« double auteur/femme », « actante », « inversion des rôles filmante/filmée »…). En 1977 nous réalisons L’Enfant qui a pissé des paillettes à partir d’un projet de Maria marqué par son rapport intense à l’enfance et sa passion pour l’âme des objets. Son projet se décline principalement dans les deux premières parties : Je(u) une enfance funèbre et Action Inceste I. La troisième partie, Action Inceste II : Artémis et Kyvéli, traduit en images notre rencontre.

Comme toutes les œuvres de la Tétralogie corporelle (1976- 1979), L’Enfant qui a pissé des paillettes est autobiographique. Mais pour nous la biographie est loin d’être le récit des événements d’une vie. Elle est l’inscription directe de leurs impacts — traces vivantes, charges émotionnelles, sensations — dans le corps des images. Tout en n’adoptant pas les formules du cinéma militant et revendiquant haut et fort « la dimension politique du langage poétique », ce film/action a été porté par l’énergie féministe des années 70. Présenté devant de larges publics, il a donné lieu à des débats passionnés. Toutefois, l’obsolescence du matériel technique requis pour sa présentation a mis fin aux projections publiques dès 1985. L’invitation du CJC de le présenter en 2021 a rejoint mon désir de refaire vivre cette œuvre qui porte magnifiquement la marque de Maria et l’énergie de sa présence. J’ai donc entrepris sa mue technique pour la réinscrire dans un présent enfin bouleversé par les politiques des corps et des genres.

— Katerina Thomadaki, juillet 2021

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