Vingt ans déjà ! Vingt ans de propositions différentes, décalées, expérimentales, engagées, dérangeantes et toujours sincères. Cette édition anniversaire sera l’occasion pour nous de redécouvrir notre propre travail, de travailler sur notre histoire, en programmant une sélection de films projetés lors de la première édition du festival en janvier 1999, et en exposant chez nos confrères de Re:Voir les archives de toutes les éditions qui ont eu lieu depuis. Ce sera aussi pour nous un moment pour nous retrouver, lors d’une grande fête au Shakirail, la veille de la clôture du festival, où vous êtes bien sûr toutes et tous convié.es.
Bien que le festival ait changé plusieurs fois de format durant ces vingt ans, cette édition s’inscrira dans la direction empruntée ces dernières années ; ainsi, nous proposons notamment une compétition internationale qui comporte 42 films issus de 22 pays. Le choix aura été plus que cornélien, puisque plus de 1600 films nous ont été envoyés.
Comme les dernières années, le festival, en dehors de la compétition, se concentrera sur une thématique au cours d’une dizaine de séances « focus ». Il s’agira, lors de cette édition, de mettre au jour plusieurs stratégies et approches que le cinéma expérimental développe envers les déchets, ses propres rebuts et ceux des autres, que ce soit ceux du cinéma, de la société, de l’humain ou du monde.
Il nous a semblé important de souligner que le cinéma expérimental est en grande partie né des déchets ; ainsi, dès ses débuts, il a été mis de côté, à l’abri des regards. Il y a d’ailleurs trouvé son compte, puisqu’il en a sorti des chutes, des caméras cassées et obsolètes, des matériaux usés, qui ont fait les choux gras de l’expérimental jusqu’à nos jours. Même aujourd’hui, alors que le numérique tente de lisser toutes les aspérités dans l’image et dans la technique, et par là de réduire les risques de déchets possibles, certains cinéastes et artistes tentent de remettre à vue le rebut numérique et virtuel.
Les déchets, de façon plus métaphorique peut-être, ce sont aussi les marginalisés, les laissés-pour-compte : ainsi nous reprenons la récurrente séance dédiée à la recherche d’un cinéma « hors-les-normes », pour reprendre l’expression d’Alain Bourbonnais, grand ami de Jean Dubuffet, au cours de laquelle se côtoieront cinéastes bruts, amateurs, outsiders, ou pratiquants d’un art inconscient.
Nous avons voulu, enfin, exposer la gymnastique dialectique que propose le déchet : ainsi, nous les aimons tout autant que nous les souhaitons loin de nous ; ainsi, nous les réutilisons et par là nous les nions ; ainsi, plus ils sentent plus ils nous plaisent.
Si la question du déchet nous touche particulièrement, c’est aussi parce que nous nous en sentons proches car d’une certaines manière, nous sommes considérés comme les déchets de l’industrie du cinéma. Il s’agit dès lors de réfléchir à notre position qui est celle de toute marge : rester un joyeux déchet, agir dans l’ombre au risque de se décomposer, ou bien se « valoriser », s’auto-recycler mais du même coup frôler l’hygiénisme ?
Cette année sera aussi pour nous l’occasion de réactiver les séances pour le jeune public, ce qui était une pratique récurrente du Collectif Jeune Cinéma il y a une dizaine d’années, et qui nous permettra de montrer des films parfois rares de notre catalogue. Et, pour la 4e année, nous organisons de nouveau une séance dédiée aux films réalisés par des jeunes de moins de quinze ans, que nous vous invitons tous à venir découvrir, tant ces films relèvent, consciemment ou pas, d’une pratique liée au cinéma expérimental.
Toute l’équipe du CJC vous souhaite, pour terminer, une très belle édition 2018 qui, nous l’espérons, sera très riche en découvertes, redécouvertes et rencontres.